Au printemps dernier, Paris créait la sensation en bannissant les trottinettes électriques. Avec le recul, on constate que cette interdiction impacte positivement d’autres de mobilité partagée.
Elles font désormais partie du paysage urbain de nombreuses villes: nous parlons des personnes juchées sur des trottinettes électriques. Avec l’arrivée des services de mobilité partagée, ce type de véhicule a connu un véritable engouement un peu partout. Mais leur prolifération fulgurante s’est également accompagnée d’effets négatifs. En effet, le modèle de free-floating permet de restituer une trottinette n’importe où à l’issue d’un trajet. Résultat: il n’était pas rare qu’après s’être servis de ces véhicules, les utilisateurs les garent mal ou les abandonnent purement et simplement au beau milieu des trottoirs ou dans les entrées d’immeubles.
Outre la question du stationnement, la sécurité routière posait problème. À Paris, trois personnes ont perdu la vie dans un accident lié à une trottinette électrique, 450 autres ont été blessées en 2022. En avril, la Ville réagissait en organisant une consultation dans laquelle neuf électeurs sur dix plébiscitèrent une interdiction des trottinettes électriques en libre-service. Depuis septembre 2023, les services de mobilité partagée n’ont plus le droit de proposer des trottinettes au cœur de la ville. Si les véhicules détenus par les particuliers restent autorisés, les différents opérateurs ont dû débarrasser les rues de quelque 15 000 trottinettes.
Bikesharing gagne
On a craint pendant un temps que cette interdiction se traduise par une reprise du trafic individuel motorisé. Cependant, les premières analyses montrent que ce n’est pas le cas. L’indice ‹European Shared Mobility Index› établi par Fluctuo, une entreprise spécialisée dans l’analyse de données, examine le troisième trimestre 2023. Bilan: l’absence de trottinettes électriques a effectivement conduit à plus de déplacements au moyen d’autres modes de transport. Les opérateurs de mobilité partagée ont ainsi été en mesure de compenser presque intégralement la perte des trottinettes par un report sur les vélos. En comparaison avec l’année précédente, le nombre moyen de déplacements par vélo en libre-service et par jour est passé de 2 à 3,4 en septembre et de 2,1 à 3,2 en octobre. Ces résultats font apparaître que les attentes portent avant tout sur la flexibilité d’utilisation des offres de location. À l’inverse, que celles-ci soient constituées de vélos ou de trottinettes semble plutôt passer au second plan.
En septembre et en octobre 2023, les opérateurs parisiens de mobilité partagée ont enregistré au total un nombre de trajets sensiblement inférieur. Mais les données suggèrent que l’augmentation sur le segment des vélos en libre-service a compensé presque intégralement la perte des trottinettes électriques. Illustration: Fluctuo
