L’énergie – la force de la nature

Réduisez les installations, construisez pour des étés chauds et prenez en compte les comportements des utilisateurs: cinq conseils allant de la technique du bâtiment au réchauffement climatique.

Fotos: Andrin Winteler

Réduisez les installations, construisez pour des étés chauds et prenez en compte les comportements des utilisateurs: cinq conseils allant de la technique du bâtiment au réchauffement climatique.

 

25 La technique : lowtech vs. hightech

Après la structure porteuse, les installations techniques du bâtiment sont le deuxième poste le plus important dans le bilan des gaz à effet de serre d'un bâtiment. Pour une nouvelle construction, elles en sont responsables jusqu’à concurrence de vingt à trente pour cent, selon la fonction. Pour une transformation elles peuvent représenter jusqu’à quarante pour cent de ce bilan, car le gros œuvre est existant et les appareils, les installations électriques notamment sont souvent à remplacer complètement vu leur durée de vie relativement courte. Le cahier technique SIA sur l'énergie grise préconise donc un usage modéré d’installations techniques : « Sur l’ensemble du cycle de vie, les solutions architecturales conduisent en général à un meilleur écobilan que les solutions techniques ».

En termes simples, il existe deux stratégies pour assurer le confort : soit au moyen d’installations techniques conséquentes, soit avec une grande quantité de matière. Les deux options émettent des émissions de gaz à effet de serre. Cependant, de nombreuses options low-tech telles que le rafraîchissement nocturne ou l’ombrage n'ont pas d'impact majeur sur le bilan. Un système hautement technologique et théoriquement optimisé est sujet aux erreurs, par exemple si les usagers le surexploitent, s’il n'est pas correctement entretenu ou s’il est mal configuré. Tout cela signifie une émission de plus de gaz à effet de serre que planifié. Un système low-tech, par contre, a une plus grande tolérance aux imprévus. Cela concerne également le réchauffement climatique lui-même, car il augmentera le besoin en rafraîchissement. Le low-tech oblige également les planificateurs à concevoir une architecture cohérente, car elle ne pourra pas compenser son inefficacité au moyen de la technique.

Malgré tout, les installations techniques du bâtiment ont du bon. Elles permettent d'obtenir le dernier pour cent d'efficacité énergétique, selon la devise suivante : low-tech pour les quatre-vingt-dix premiers mètres, high-tech pour le sprint final. Suisse énergie recommande des conduites courtes et des conduits de ventilation en matière synthétique plutôt qu’en métal. Et les installations doivent être facilement accessibles car elles doivent souvent  être adaptées ou remplacées.
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26 La masse thermique : compenser la canicule

Des éléments de construction massifs qui gardent la chaleur ou la fraîcheur réduisent le besoin en énergie pour chauffer ou rafraîchir, car ils équilibrent les pics de températures et rendent le climat intérieur plus stable. Cet effet augmente avec chaque degré du réchauffement climatique. En même temps, beaucoup de masse signifie généralement beaucoup d'énergie grise. Par conséquent, retenez que ce sont les dix premiers centimètres sous la surface d'un matériau qui sont essentiels pour la masse thermique. Comme le montre une étude de la Haute École de Lucerne, les dalles sont ainsi suffisantes pour permettre aux architectes de les combiner avec des murs et des façades en construction légère. Les sols mixtes bois-béton atteignent cet objectif avec peu de CO2. Les composants en argile sont également une option respectueuse du climat. Quelle que soit le type de construction, le principe suivant s'applique : Pour que les composants soient thermiquement actifs, ils doivent être en contact direct avec l'air ambiant.
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27 Chauffer er refroidir : avec la force de la nature

Utilisez la force de la nature pour tempérer votre bâtiment. Le rafraîchissement nocturne abaisse les températures et ceci - contrairement à la ventilation contrôlée - sans émissions grises. Les pompes à chaleur s’alimentent en énergie dans les eaux souterraines ou dans les lacs, dans le sol ou dans l'air. Le photovoltaïque sur le toit et sur la façade leur fournit l'électricité nécessaire. Les sondes géothermiques et les panneaux photovoltaïques contiennent beaucoup de gaz à effet de serre due à l’énergie grise, mais ils peuvent être amortis en quelques années grâce aux énergies renouvelables générées. Les chauffages à copeaux de bois ont un meilleur écobilan que ceux à pellets car ces derniers viennent souvent de l'étranger. Chaque fois que c’est possible, connectez votre bâtiment à un réseau de chauffage à distance, même si, comme c’est souvent le cas, celui-ci n’est pas neutre pour le climat. Pour tous les autres cas, qu'il s'agisse d'une nouvelle construction ou d'une transformation, fini le chauffage au mazout ou au gaz ! L'âge des combustibles fossiles est révolu.
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28 Les utilisateurs : prendre en compte les erreurs de comportement

La différence entre les chiffres de l'énergie calculée et ceux de l’énergie mesurée peut atteindre cinquante pour cent – c’est ce que les experts appellent l'écart de performance. L'une des causes principales à cela est que le comportement de l’utilisateur est différent que de ce qui était attendu. Les architectes et les planificateurs techniques ne peuvent pas décider pour les gens, mais ils peuvent prendre en compte leur comportement parfois erroné. Personne ne lit les manuels d'instructions. Plus une maison fonctionne simplement, plus il y a de chances qu'elle fonctionne comme prévu (technique du bâtiment).
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29 Le réchauffement climatique : rafraîchir les villes et les bâtiments

La température en Suisse a augmenté en moyenne de deux degrés depuis 1864. Et elle augmentera encore de un à quatre degrés d'ici 2100. Les villes sont les plus touchées car la chaleur s'y accumule particulièrement. Avec la publication « Quand la ville surchauffe », l'Office fédéral de l'environnement offre aux urbanistes six antidotes. Le développement urbain devrait favoriser  les vents traversants. Les espaces verts, les arbres, l’ombre et les plans d'eau contribuent également à abaisser les pics de chaleur. Plus le sol est perméable, plus l'humidité peut s'évaporer. Une ville respectueuse du climat doit pouvoir transpirer.

Avec chaque degré supplémentaire du climat, ce qui va compter de plus en plus en matière d’énergie d’exploitation ne sera plus l'hiver, mais bien l'été. À l'avenir, les nouvelles constructions  résidentielles consommeront plus d'énergie pour refroidir que pour chauffer , au Tessin même jusqu'à trois fois plus. La proportion de fenêtres et l’ombre portée deviennent donc de plus en plus importants, de même que la masse thermique pour compenser les fluctuations de température. Pour les constructions en bois qui comportent peu de masse et qui sont encore bien cotées aujourd'hui, la surchauffe pourrait devenir un problème, comme le démontre une étude de la Haute École de Lucerne. Moins de fenêtres, de grandes surfaces utiles et un bon rafraîchissement nocturne permettent de diminuer ce phénomène. De plus, le besoin de rafraîchissement est le plus élevé vers midi, justement lorsque les panneaux solaires fournissent le plus d'électricité.
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L’efficacité de chaque mesure est évaluée sur une échelle de zéro à cinq points.

Conseils climatiques:
La mission post-fossile
Le mandant – remettre en question
Le bâtiment – l‘efficacité de la boîte
La construction – légère et durable
Les matériaux – utiliser peu, réemployer
L’énergie – la force de la nature
Mise en œuvre – le matériau coûte peu, le travail beaucoup

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